Qu'est-ce qu'une stèle discoïdale?

Dans nos régions, les stèles discoïdales sont des monuments funéraires chrétiens. Elles sont constituées d'un pied, de forme variable, surmonté d'un disque généralement plein, le plus souvent orné sur les deux faces et taillé dans la roche locale (grès, calcaire, ...).
Plantées à la tête de la tombe, ces stèles avaient un rôle de signalisation funéraire et par certains détails pouvaient rappeler la profession ou l'appartenance sociale de la personne.
La croix, sous ses différentes formes (latine, grecque, ...), est le motif le plus représenté sur le disque.
Le disque des stèles était presque au ras du sol; c'était d'ailleurs nécessaire pour que le pied, qui est parfois assez court, soit bien enraciné en terre et assure la bonne tenue de l'ensemble.
Apparues à l'époque médiévale, les stèles discoïdales sont, peut-être, la survivance de traditions funéraires gallo-romaines.

Les stèles discoïdales d'Aragon :

La commune d'Aragon possède, à ce jour, une série de onze stèles discoïdales, provenant probablement de l'ancien cimetière et intégrées dans le mur de clôture (côté sud) lors d'une réfection à l'époque moderne. Grâce à leur redécouverte par Albert Dupont il y a quelques années, ces stèles ont pu être étudiées.
La municipalité a désiré les mettre en valeur en installant des reproductions fidèles sur l'espace engazonné, aménagé, de «l'Hort del Riton » (Jardin du Curé), en face du Prieuré et de l'église.
Grâce aux conseils et à l'aide de Jean-Claude Rivière, historien et Président de la Fédération de la Pierre Sèche, et d'Alphonse Snoeck, sculpteur et mouleur à Lagrasse, ce projet a pu voir le jour.
La stèle inventoriée AGN01 présente sur une face de son disque une forme  triangulaire, pointe dirigée vers le bas. Cette représentation pourrait suggérer le fer d'un outil court, une truelle de maçon, ou le soc d'une araire, appelée «relho». Cette stèle représente sur son autre face une croix latine, c'est-à-dire que sa branche inférieure est sensiblement plus longue que les autres.
La majorité des stèles de la série (de AGN02 à AGN06) porte une croix grecque évasée ou pattée.
Cet ensemble paraît dater d'une période comprise entre le XII° et le XIV° siècle. Elles ont été travaillées selon la technique du champlevé : le décor est obtenu en enlevant au disque de pierre la matière nécessaire pour faire apparaître les motifs tels que croix, bordure, ...
Une autre copie remplace la stèle qui marquait l'entrée du cimetière. Inventoriée sous la référence AGN08, elle porte une croix latine sur une face, un nom et une date (COMBES 1660) sur l'autre face. Sans aucune certitude, l'hypothèse d'un remploi ne pouvant être écartée, il s'agirait d'une stèle signalant la tombe d'un habitant d'Aragon décédé dans la seconde moitié du XVII° siècle !
Cette stèle a été travaillée en vrai relief ; le motif apparaît totalement dégagé du bloc d'origine et la croix ressort de près de deux centimètres du nu du disque. On a pu reconstituer le décor d'une des faces de la stèle inventoriée AGN07, très dégradée ; il s'agit d'une étoile à cinq branches. Ce symbole, assez rare dans le corpus des stèles languedociennes, est à rapprocher des signes utilisés par les confréries de maîtres maçons. Traditionnellement, l'étoile à cinq branches est liée à la maîtrise de cet art.
Les stèles AGN10 et AGN11, retaillées, ont été utilisées comme croix de carrefour, la première à Roquemalet (Roquemulet), la seconde près du domaine de Cabrol.

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