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"Célébrer
le siècle et le millénaire, c'est affirmer que nous avons
habité le temps et que nous allons continuer à le faire
par-delà la finitude de chaque destin individuel. La
célébration peut donc être l'occasion d'un dépli
du temps, comme si nous pouvions par notre action, en détacher des
pièces, mises à plat, avant que d'être remontées.
Mais il nous faut représenter et célébrer, par des
constructions matérielles, ce qui va parler du temps et du territoire.
Faut-il pour autant céder aux fascinations de la numérologie
en érigeant un piquet de 2000 mètres, ou plus modestement de
2000 pieds, pour célébrer lavenir ? Lobjet
unique peut-il même symboliser ce qui va advenir, peut-il
célébrer le temps et lespace ? Qu'est-ce qui pourrait
résumer et continuer le siècle ? Comment pourrions-nous manifester,
en notre humanité, notre dur désir de durer ? Que voudrions-nous
mémoriser dans l'île encore déserte de notre futur ?
Parce qu'il faut laisser trace, une plantation répond à ces
questions. Il faudrait choisir des essences de longue vie, celles que l'on
dit millénaires ; chênes dans le Nord, oliviers dans le
Midi, espèces d'altitude dans la traversée du Massif Central
et les Pyrénées. Leur mise en série, leur alignement,
leur nombre en feraient, d'une nouvelle façon, des arbres de la
liberté, qui cette fois, si nous faisons le choix de la Méridienne,
parleraient à la fois de la mesure de l'espace et du temps. |